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Wednesday, July 14, 2010

Et alors?

Lors d’une conversation téléphonique il y a quelques jours seulement, une amie a expliqué que puisque ses parents ne la comprenaient plus depuis quelques jours, elle voulait sérieusement déménager de la maison paternelle et se trouver un appartement en ville.
Et alors ? vous me direz !
Mais, voyez-vous, ce projet, aussi « normal », anodin et banal que soit pour la France, va faire fureur en Inde !
Oui, parce que cette fille, elle habite en Inde, et la maison où elle ne veut plus vivre, c’est la maison de son père ! Et, comble d’audace : elle n’est pas mariée ! Ce n’est pas avec un mari dûment épousé dans une cérémonie extravagante qu’elle voudrait partir, mais seule ! Je ne vous dis pas !
Cette question épineuse de l’individualité face aux situations familiales difficiles a toujours posé problème en Inde. Normalement, dans les familles dites « ouvertes » aux idées Occidentales, et dont les enfants sont souvent partis se former à l’étranger, les perspectives familiales ne sont pas les mêmes, elles sont par définition plus relaxes, plus détendues. Ces familles respectent l’individu, la personne unique avec sa personnalité à elle, ses opinions, ses réactions, son état d’âme ! Bref, cette personne en tant que personne, quoi ! Bien différente, bien à part des autres de la même famille !
Cependant, puisque les traditions indiennes n’autorisent jamais une prise de conscience individuelle à l’Occidentale, chaque individu est figé dans un réseau complexe de relations et de responsabilités ! Ce réseau, aussi invisible (et aussi tenace) que le lien familial qui conjugue l’individu à plusieurs autres individus, exerce sa maîtrise totale et absolue sur la liberté individuelle. Pour une fille, il est donc interdit de penser à oser refuser le mariage à l’âge voulu par les parents (et aussi pour un garçon, quoique les garçons aient plus de liberté et de choix). Sans argument, sans piper mot, de milliers de jeunes filles acceptent le mariage et ainsi leurs souhaits, leurs rêves, leurs avenirs sont coupés courts par l’union matrimoniale !
Dire que dans un pays qui existe dans deux, trois, voire quatre siècles en même temps, étant donné les situations de la société vis-à-vis des domaines différents, il est difficile de gérer, quand on est fille, les envols de son imagination qui risquent de la pousser à l’encontre de l’opinion parentale !
Ce qui compte, pour une fille, après tout, c’est de faire son devoir de fille dévouée, obéissante et modèle ! Oui, elle a deux diplômes universitaires (ce que voulait son père); oui, elle sait faire la cuisine (grâce à sa mère) ; oui, elle est pleine de qualités (encouragée par ses cousins) ; oui, elle est très habile avec ses doigts (ça, c’est de sa grand-mère), et elle a tout le nécessaire pour se tailler une belle carrière en affaires (là, c’est l’auto-développement !)!
En affaires, vous dites ?
Ben, non ! Pas question !
Elle n’a qu’à écouter ses parents une fois de plus et d’accepter le parti le plus prestigieux qui se présente cette année !

5 comments:

  1. Malheureusement tout ce que vous racontez est vrai :(

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  2. :( c'est vrai mr! :( tout ce que vous avez raconte! :(

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  3. oh les filles! on n'est pas toutes aussi opprimees que ca!!!

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  4. mmmm, un peu exagéré non? en tout cas je suis persuadée que c'est en train de changer...et très rapidement. cela dit, l'article est très bien écrit. Sneha

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